Jardin'enVie - Artisan Semencier

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Variétés paysannes et innovation

Une des principales caractérisitques des variétés paysannes est de pouvoir être reproduites au champ, sans droit de propriété intellectuelle. En découle la possibilité de co-évoluer avec le vivant et d'organiser sur d'autres bases les relations économiques et métiers tout au long des filières. Aussi pour amplifier cet avantage déterminant, nous avons choisi un statut de coopérative : quels que soient les apports des sociétaires, aucun d'eux ne peut détenir le pouvoir à lui seul. Personne ne peut s'approprier le travail de l'autre.

Partager ses idées revient à s'enrichir de celles des autres. Tout le monde a intérêt à faire circuler les connaissances pour progresser plus vite.

Les deux coopératives sont construites sur la base de statuts de société commerciale pour créer des alliances en dehors du monde agricole, pour renouveler les liens villes-campagnes, pour favoriser les projets associant divers secteurs d'activité. Avec la Maison de la semence Sud Rhône-Alpes, la Cigales Les Jonquettes, l'association Terre Avenir Ville et d'autres partenaires tel l'Atelier Paysan, l'AMAP le Goût Nature... nous créons ainsi un terreau, un eco-système propice aux innovations.

Des innovations ténues, mais systémiques, plurielles et efficaces :

Pas de rupture technologique, d’idées géniales ou inventeur isolé. Les innovations issues de nos initiatives résultent de la combinaison de multiples évolutions, d’une approche du vivant globale et systémique, rigoureuse, pragmatique. Elle puise ses racines dans les savoir-faire populaires des anciens, renouvelés à la lumière des connaissances d’aujourd’hui :

  • Imbriquer les cultures, les compétences et les savoir-faire, de la production de semences à celle de produits transformés à base de variétés paysannes.

  • Favoriser toutes les biodiversités, y compris celle dite intra-variétale, pour amplifier la capacité des plantes à se défendre par elles-mêmes ; à s’adapter aux évolutions de plus en plus rapides des milieux de culture.

  • L’usage de pesticide, même ceux autorisés en bio, n’a plus d’intérêt : au-delà des pollutions, sans eux les symbioses avec les autres organismes vivants se développent à nouveau. Pour chaque kilo de récoltes de l’humus est produit, la quantité de nutriments est multiplié au moins par 5, le volume d’eau nécessaire est divisé par 3. Plus nous cultivons, plus le sol devient fertile.

  • Faire avec le vivant, mieux le respecter procure davantage de résilience face aux bouleversements de plus en plus rapides des milieux de culture. Consacrer jusqu’à 30 % des surfaces à des haies vives, des arbres, aux faunes et flores sauvages permet de doubler les rendements, contrôler les maladies et parasites, réguler température et hygrométrie, etc...

  • Concevoir et construire des outils adaptés aux caractéristiques des plantes et des terroirs, en lien avec l’Atelier Paysan et d’autres fermes, réduit la pénibilité du travail, augmente la productivité.

  • Parce que tout ne se joue pas qu’au champ, renouveler et revaloriser les métiers alimentaires, du cultivateur au commerçant, pour préserver, voir bonifier les qualité des variétés paysannes jusque dans l’assiette.

  • Vente directe et diversité des débouchés sont essentiels pour améliorer sans cesse la qualité des semences produites. Les retours de nos clients (familles, cultivateurs, restaurateurs, épiciers...), permettent d’améliorer la co-évolution des humains, plantes et lieux de culture au regard de leurs besoins, usages et contraintes.

  • Organiser le travail en cercles de responsabilité pour bénéficier de la créativité de chaque membre de l’équipe. Travailler à plusieurs pour concilier vie sociale et professionnelle.

  • Renoncer à la propriété intellectuelle, utiliser des statuts de type SCIC et faire appel à l’épargne populaire permet de gérer foncier et semences en s’inspirant des communs pour libérer échanges de savoir-faire et créativité. La proximité des lieux de décision aide à créer des relations de confiance. Faute de pouvoir rendre captifs les clients, les fidéliser exige de progresser d’année en année.

  • Articuler des structures différentes pour impliquer toutes les parties prenantes selon ses particularités et faire évoluer les projets au sein d'éco-système d'entreprises : La Maison de la semence Sud Rhône Alpes (loi 1901, pour stopper l’érosion des biodiversités cultivées et restaurer les semences délaissées), HumusCité (SCIC pour faciliter l’accès aux terres et fonds de commerce au coeur des villes).

  • Mise en place d’un projet de recherche pour faire évoluer les locaux des fermes et des commerces vers des techniques de construction plus favorables à l’utilisation de produits de qualité sans dégrader leurs caractéristiques, mais aussi vers une organisation des espaces pour faciliter les coopération, le stockage, les flux de personnes et de produits, au sein des locaux, entre les locaux, entre la ville et le péri-urbain.

  • Transformer les ressentiments, peurs et menaces en motivation ; faire du doute le moteur de l’action : ce sont les rêves, et non les peurs, qui doivent servir construire l'avenir.

L’une des clefs de notre modèle économique innovant, c’est la proximité avec la ville pour favoriser interactions, articulations, implications :

  • Dégustations, sensibilisation et formations sont indispensables pour que les variété oubliées retrouvent le chemin des assiettes et jardins

  • Si les terres autour des villes ne pourront jamais suffire à nourrir les citadins, s’en passer est impossible.

  • Multiplier les interactions avec les professionnels, les consommateurs, élus et citoyens permet une approche systémique enrichie par l’expertise du quotidien (confronter besoins et problèmatiques des différents acteurs fait surgir des solutions)

  • À la campagne comme au centre des villes, renouveler et revaloriser les métiers marginalisés accélère la réorganisation des filières alimentaires, devenue urgente pour affronter les décennies à venir.

Dans bien des cas nous faisons des choix inverses aux directions prises par l’industrie alimentaire actuelle. Nous ne cherchons pas à éradiquer les pathogènes, mais à obtenir de bons résultats même s’ils sont présents. La stratégie de concentrer, segmenter et compresser les coûts montre toutes ses limites… le coût biologique des bénéfices financiers réalisés deviennent exorbitant, insoutenable.

Observer le vivant et les besoins des humains nous inspire. Concevoir aide à faire, faire aide à concevoir*. D’où toute l’importance d’ateliers partagés pour permettre aux TPE/PME de métiers différents de faire à plusieurs. Nos initiatives mettent des outils au service des citoyens, élus, consommateurs, professionnels qui désirent entreprendre ensemble pour accélérer les transitions alimentaires.

Nos relations avec le monde de la recherche :

Nous participons ou avons participé à plusieurs programmes européen de recherche, en particulier dans le cadre du Réseau Semence Paysanne. Quelques chercheurs isolés s'intéressent à ce que nous faisons. Cela permet d'avancer, d'essayer de comprendre ce que nous observons, en particulier quel est l'impact des échanges de semences entre paysans/jardiniers. Mais les moyens sont essentiellement orientés vers la biologie moléculaire.

En octobre, plusieurs chercheurs nous ont rendu visite pour réfléchir à l’avenir des banques de gènes. Ils ont été intrigués par ce qu’ils ont vu. « Ça décoiffe » a dit l’un d’eux pour résumer la journée. Nous avons également beaucoup appris à leur contact. Une volonté partagée de travailler ensemble succède à un dialogue qui était trop souvent impossible. Un espoir pour mettre fin à l'érosion des biodiversités ? à l'appropriation du vivant ?