Les variétés paysannes
Les « Semences Paysannes », c'est quoi exactement ?
Les semences paysannes sont produites en plein champ par des méthodes respectueuses du vivant et accessibles à toute personne qui cultive. Leur diversité du potentiel génétique au sein même d'une variété est un atout essentiel pour s'adapter aux terroirs et aux évolutions climatiques et ainsi, assurer notre autonomie alimentaire.
Elles sont au cœur de la « Co-évolution du Vivant » entre plantes, humains et terroirs. Plutôt que des méthodes de culture artificialisées, c'est produire en s'appuyant sur des sols fertiles où les symbioses expriment tout leur potentiel entre les plantes et les autres organismes vivants (plantes cultivées et sauvages, micro-organismes, insectes, faune sauvage). Les semences paysannes donnent des fruits et légumes aux multiples formes et textures, aux saveurs intenses et variées. Elles sont à la source d'aliments de haute qualité nutritive car très riches en micro-nutriments, vitamines, minéraux et anti-oxydants, essentiels à notre bonne santé. Une définition des semences paysannes est proposée par le Réseau Semences Paysannes.
Article de Eric Aeschimann publié dans le Nouvel Observateur n°2702 du 18 août 2016
Qualités des variétés paysannes
Possibilité juridique et technique de les reproduire au champ ou au jardin, liberté de le faire pour peu d'en acquérir les compétences (demande de la rigueur, mais c'est accessible à tout le monde).
Ce fut un savoir-faire populaire largement partagé :
- autonomie alimentaire
- vivre dignement de son travail
- réintroduire de l'équité dans l'organisation économique des filières alimentaires
Pas d'équité sans variétés paysannes ; pas de variétés paysannes sans équité
Les semences paysannes sont produites en plein champ par des méthodes respectueuses du vivant
Les variétés paysannes comparées aux variétés industrielles
Les variétés paysannes sont constituées d'individus tous différents
Les variétés paysannes comparées aux variétés industrielles
La qualité de la production : priorité donnée aux saveurs variées et intenses, avec plus de nutriments. L’industrie semencière favorise la mécanisation et l’uniformité (calibre, couleur, forme...).
La biodiversité dans les champs et les assiettes : des milliers de variétés composées d’individus uniques permettent aux plantes cultivées de s’adapter aux évolutions des terroirs et du climat.
L’autonomie et la sécurité alimentaire : La possibilité de reproduire les plantes à la ferme garantit plus de libertés de choix pour producteurs et consommateurs. Les variétés paysannes sont des communs, accessibles à tous. Les firmes semencières grâce à des outils juridiques (COV, brevet...) ou biologiques, s’approprient les variétés qu’elles mettent au point et interdisent leur reproduction.
Les clones hybrides F1 & chimères OGM :
- Adaptées à l’agriculutre industrielle et chimique, à la grande distribution (belles récoltes uniformes car un seul individu multiplié à l’infini est cultivé).
- Faible qualité nutritive et gustative.
- Appauvrissement génétique : ne peut pas convenir à l’agro-écologie. C’est le terroir qui est adapté à la semence avec les engrais chimiques et pesticides.
- Dépendance des paysans et jardiniers à 5 multinationales qui peuvent les produire et les commercialiser.
Les variétés paysannes :
- Produites dans le champ du paysan, c’est une population d’individus tous différents qui est sélectionnée.
- Grande diversité génétique : c’est la semence qui est adaptée aux terroirs et aux évolutions du climat.
- Grande qualité nutritive et gustative.
- Adaptées à la polyculture de proximité.
- Autonomie du paysan et du jardinier : ils peuvent choisir leur mode de culture.
- Liberté de choix pour le consommateurs.
Variétés paysannes et innovation
Les défis des dix prochaines années ?
Les objectifs du Projet afterres2050 et du plan de relance de l’économie ?
Nous contribuons déjà à réduire les impacts des bouleversements à l’oeuvre, dus à l’activité humaine. Eau, humus, biodiversités, climat, foncier… nous apportons des éléments de réponse tout en favorisant plus de justice sociale et économique. À notre échelle, nous sommes déjà au-delà des objectifs du plan de relance et de l’étude "afterres2050" réalisée sur notre territoire, à la demande de l’agglomération de Valence-Romans.
Sur les aspects alimentaires, agricoles, écologiques, mais aussi certains des aspects économiques et sociaux, pour nous il s’agit déjà de résultats :
- Des saveur variées et intenses, signe d'une grande richesse de nutriments
- Nombreux apports en protéines végétales tout au long de l'année
- Accroître les biodiverstités cultivées et sauvages
- Augmenter la diversité de l'expression génétique au sein d'une variété pour adapter nos pratiques agricoles aux conséquences du changement climatique.
- Des modes de production respectueux du vivant, sans aucun pesticide, pas même ceux autorisés en bio
- Porduire de l'humus pour chaque kilo récolté, augmenter la fertilité des sol. => stockage du carbone
- Réduction massive des émissions polluantes, gaz à effet de serre compris.
- Amélioration de la qualité des eaux potables, de l'air
- gestion démocratique de l'avenir des semences, inspirée des "communs".
- Co-évoluer avec le vivant
- Irrigation réduite au strict nécessaire.
- Des plantes dont la capacité d'adaptation aux différents contextes de cultures s'améliore d'année en année.
- Les campagnes et le centre des villes re-deviennent des espaces de vie
- Terres agricoles revitalisées et pérennisées
- Transmission facilité aux générations suivante des connaissances et de l'outil de travail
- Rélocaliser l'économie et la rendre plus équitable, pour concilier rémunération dignes et accessibilité à une nourriture de qualité aux budgets modestes
- Renouveler les savoir faire et revaloriser les métiers menacés par le développement de la GMS.
Comment est-ce possible ? Une simple TPE ?
Grâce aux caractéristiques des variétés paysannes ! Nous les utilisons par souci d’efficacité, de productivité, de pérennité et de résilience : accessibles à tous. Elles permettent de bénéficier des apports de plusieurs milliers de générations d’humains. Nous avons la liberté et la possibilité de choisir selon quels critères d’usage, d’adaptation, de goût, etc... Reproduire les semences, ou plus exactement co-évoluer avec elles et les lieux où elles sont cultivées.
Comment est-ce possible ? Une simple TPE ?
Grâce aux caractéristiques des variétés paysannes ! Nous les utilisons par souci d’efficacité, de productivité, de pérennité et de résilience : accessibles à tous. Elles permettent de bénéficier des apports de plusieurs milliers de générations d’humains. Nous avons la liberté et la possibilité de choisir selon quels critères d’usage, d’adaptation, de goût, etc... Reproduire les semences, ou plus exactement co-évoluer avec elles et les lieux où elles sont cultivées.
Des innovations ténues, mais systémiques, plurielles et efficaces :
Pas de rupture technologique, d’idées géniales ou inventeur isolé. Les innovations issues de nos initiatives résultent de la combinaison de multiples évolutions, d’une approche du vivant globale et systémique, rigoureuse, pragmatique. Elle puise ses racines dans les savoir-faire populaires des anciens, renouvelés à la lumière des connaissances d’aujourd’hui :
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Imbriquer les cultures, les compétences et les savoir-faire, de la production de semences à celle de produits transformés à base de variétés paysannes.
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Favoriser toutes les biodiversités, y compris celle dite intra-variétale, pour amplifier la capacité des plantes à se défendre par elle-même ; à s’adapter aux évolutions de plus en plus rapides des milieux de culture.
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L’usage de pesticide, même ceux autorisés en bio, n’a plus d’intérêt : au-delà des pollutions, sans eux les symbioses avec les autres organismes vivants se développent à nouveau. Pour chaque kilo de récoltes de l’humus est produit, la quantité de nutriments est multiplié au moins par 5, le volume d’eau nécessaire est divisé par 3. Plus nous cultivons, plus le sol devient fertile.
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Faire avec le vivant, mieux le respecter procure davantage de résilience face aux bouleversements de plus en plus rapides des milieux de culture. Consacrer jusqu’à 30 % des surfaces à des haies vives, des arbres, aux faunes et flores sauvages permet de doubler les rendements, contrôler les maladies et parasites, réguler température et hygrométrie, etc...
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Concevoir et construire des outils adaptés aux caractéristiques des plantes et des terroirs, en lien avec l’Atelier Paysan et d’autres fermes, réduit la pénibilité du travail, augmente la productivité.
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Parce que tout ne se joue pas qu’au champ, renouveler et revaloriser les métiers alimentaires, du cultivateur au commerçant, pour préserver, voir bonifier les qualité des variétés paysannes jusque dans l’assiette.
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Vente directe et diversité des débouchés sont essentiels pour améliorer sans cesse la qualité des semences produites. Les retours de nos clients (familles, cultivateurs, restaurateurs, épiciers...), permettent d’améliorer la co-évolution des humains, plantes et lieux de culture au regard de leurs besoins, usages et contraintes.
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Organiser le travail en cercles de responsabilité pour bénéficier de la créativité de chaque membre de l’équipe. Travailler à plusieurs pour concilier vie sociale et professionnelle.
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Renoncer à la propriété intellectuelle, utiliser des statuts de type SCIC et faire appel à l’épargne populaire permet de gérer foncier et semences en s’inspirant des communs pour libérer échanges de savoir-faire et créativité. La proximité des lieux de décision aide à créer des relations de confiance. Faute de pouvoir rendre captifs les clients, les fidéliser exige de progresser d’année en année.
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Articuler des structures différentes pour impliquer toutes les parties prenantes selon ses particularités et faire évoluer les projets au sein d'éco-système d'entreprises : La Maison de la semence Sud Rhône Alpes (loi 1901, pour stopper l’érosion des biodiversités cultivées et restaurer les semences délaissées), HumusCité (SCIC pour faciliter l’accès aux terres et fonds de commerce au coeur des villes).
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Mise en place d’un doctorat d’architecture pour faire évoluer les locaux des fermes et des commerces vers des techniques de construction plus favorables à l’utilisation de produits de qualité sans dégrader leurs caractéristiques, mais aussi repenser l’organisation des espaces, le stockage ; les flux de personnes et de produits, au sein des locaux, entre les locaux, entre la ville et le péri-urbain.
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Transformer les ressentiments, peurs et menaces en motivation ; faire du doute le moteur de l’action : construire à partir des rêves.
L’avenir des banques de gènes
En octobre, plusieurs chercheur de l’INRA, du CIRAD et des CRB nous ont rendus visite pour réfléchir à l’avenir des banques de gènes. Ils ont été intrigués par ce qu’ils ont vu, « ça décoiffe » a dit l’un d’eux pour résumer la journée. Une volonté partagée de travailler ensemble succède à un dialogue impossible.
L’une des clefs de notre modèle économique innovant, c’est la proximité avec la ville pour favoriser interactions, articulations, implications :
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Dégustations, sensibilisation et formations sont indispensables pour que les variété oubliées retrouvent le chemin des assiettes et jardins
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Si les terres autour des villes ne pourront jamais suffire à nourrir les citadins, s’en passer est impossible.
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Multiplier les interactions avec les professionnels, les consommateurs, élus et citoyens permet une approche systémique enrichie par l’expertise du quotidien (confronter besoins et problèmatiques des différents acteurs fait surgir des solutions)
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À la campagne comme au centre des villes, renouveler et revaloriser les métiers marginalisés accélère la réorganisation des filières alimentaires, devenue urgente pour affronter les décennies à venir.
Dans bien des cas nous faisons des choix inverses aux directions prises par l’industrie alimentaire actuelle. Nous ne cherchons pas à éradiquer les pathogènes, mais à obtenir de bons résultats même s’ils sont présents. Concentrer, segmenter et compresser les coûts montre toutes ses limites… le coût des bénéfices financiers réalisés deviennent exorbitant, insoutenables.
Observer le vivant et les besoins des humains nous inspire. Concevoir aide à faire, faire aide à concevoir*. D’où toute l’importance d’ateliers partagés pour permettre aux TPE/PME de métiers différents de faire à plusieurs.
Nos initiatives mettent des outils au service des citoyens, élus, consommateurs, professionnels qui désirent entreprendre ensemble pour accélérer les transitions alimentaires.