Les défis des dix prochaines années ?

Les objectifs du Projet afterres2050 et du plan de relance de l’économie ?

Nous contribuons déjà à réduire les impacts des bouleversements à l’oeuvre, dus à l’activité humaine. Eau, humus, biodiversités, climat, foncier… nous apportons des éléments de réponse tout en favorisant plus de justice sociale et économique. À notre échelle, nous sommes déjà au-delà des objectifs du plan de relance et de l’étude "afterres2050" réalisée sur notre territoire, à la demande de l’agglomération de Valence-Romans.

Sur les aspects alimentaires, agricoles, écologiques, mais aussi certains des aspects économiques et sociaux, pour nous il s’agit déjà de résultats :

Comment est-ce possible ? Une simple TPE ?

Grâce aux caractéristiques des variétés paysannes ! Nous les utilisons par souci d’efficacité, de productivité, de pérennité et de résilience : accessibles à tous. Elles permettent de bénéficier des apports de plusieurs milliers de générations d’humains. Nous avons la liberté et la possibilité de choisir selon quels critères d’usage, d’adaptation, de goût, etc... reproduire les semences, ou plus exactement co-évoluer avec elles et les lieux où elles sont cultivées.

Des innovations ténues, mais systémiques, plurielles et efficaces :

Pas de rupture technologique, d’idées géniales ou inventeur isolé. Les innovations issues de nos initiatives résultent de la combinaison de multiples évolutions, d’une approche du vivant globale et systémique, rigoureuse, pragmatique. Elle puise ses racines dans les savoir-faire populaires des anciens, renouvelés à la lumière des connaissances d’aujourd’hui :

  • Imbriquer les cultures, les compétences et les savoir-faire, de la production de semences à celle de produits transformés à base de variétés paysannes.

  • Favoriser toutes les biodiversités, y compris celle dite intra-variétale, pour amplifier la capacité des plantes à se défendre par elles-même ; à s’adapter aux évolutions de plus en plus rapides des milieux de culture.

  • L’usage de pesticide, même ceux autorisés en bio, n’a plus d’intérêt : au-delà des pollutions, sans eux les symbioses avec les autres organismes vivants se développent à nouveau. Pour chaque kilo de récoltes de l’humus est produit, la quantité de nutriments est multipliée au moins par 5, le volume d’eau nécessaire est divisé par 3. Plus nous cultivons, plus le sol devient fertile.

  • Faire avec le vivant, mieux le respecter procure davantage de résilience face aux bouleversements de plus en plus rapides des milieux de culture. Consacrer jusqu’à 30 % des surfaces à des haies vives, des arbres, aux faunes et flores sauvages permet de doubler les rendements, contrôler les maladies et parasites, réguler température et hygrométrie, etc...

  • Concevoir et construire des outils adaptés aux caractéristiques des plantes et des terroirs, en lien avec l’Atelier Paysan et d’autres fermes, réduit la pénibilité du travail, augmente la productivité.

  • Parce que tout ne se joue pas qu’au champ, renouveler et revaloriser les métiers alimentaires, du cultivateur au commerçant, pour préserver, voir bonifier les qualité des variétés paysannes jusque dans l’assiette.

  • Vente directe et diversité des débouchés sont essentiels pour améliorer sans cesse la qualité des semences produites. Les retours de nos clients (familles, cultivateurs, restaurateurs, épiciers...), permettent d’améliorer la co-évolution des humains, plantes et lieux de culture au regard de leurs besoins, usages et contraintes.

  • Organiser le travail en cercles de responsabilité pour bénéficier de la créativité de chaque membre de l’équipe. Travailler à plusieurs pour concilier vie sociale et professionnelle.

  • Renoncer à la propriété intellectuelle, utiliser des statuts de type SCIC et faire appel à l’épargne populaire permet de gérer foncier et semences en s’inspirant des communs pour libérer échanges de savoir-faire et créativité. La proximité des lieux de décision aide à créer des relations de confiance. Faute de pouvoir rendre captifs les clients, les fidéliser exige de progresser d’année en année.

  • Articuler des structures différentes pour impliquer toutes les parties prenantes selon ses particularités et faire évoluer les projets au sein d'écosystème d'entreprises : La Maison de la semence Sud Rhône Alpes (loi 1901, pour stopper l’érosion des biodiversités cultivées et restaurer les semences délaissées), HumusCité (SCIC pour faciliter l’accès aux terres et fonds de commerce au coeur des villes).

  • Mise en place d’un doctorat d’architecture pour faire évoluer les locaux des fermes et des commerces vers des techniques de construction plus favorables à l’utilisation de produits de qualité sans dégrader leurs caractéristiques, mais aussi repenser l’organisation des espaces, le stockage ; les flux de personnes et de produits, au sein des locaux, entre les locaux, entre la ville et le péri-urbain.

  • Transformer les ressentiments, peurs et menaces en motivation ; faire du doute le moteur de l’action : construire à partir des rêves.

L’avenir des banques de gènes

En octobre, plusieurs chercheur de l’INRA, du CIRAD et des CRB nous ont rendu visite pour réfléchir à l’avenir des banques de gènes. Ils ont été intrigués par ce qu’ils ont vu, « ça décoiffe » a dit l’un d’eux pour résumer la journée. Une volonté partagée de travailler ensemble succède à un dialogue impossible.

L’une des clefs de notre modèle économique innovant, c’est la proximité avec la ville pour favoriser interactions, articulations, implications :

  • Dégustations, sensibilisation et formations sont indispensables pour que les variétés oubliées retrouvent le chemin des assiettes et jardins

  • Si les terres autour des villes ne pourront jamais suffire à nourrir les citadins, s’en passer est impossible.

  • Multiplier les interactions avec les professionnels, les consommateurs, élus et citoyens permet une approche systémique enrichie par l’expertise du quotidien (confronter besoins et problématiques des différents acteurs fait surgir des solutions)

  • À la campagne comme au centre des villes, renouveler et revaloriser les métiers marginalisés accélère la réorganisation des filières alimentaires, devenue urgente pour affronter les décennies à venir.

Dans bien des cas nous faisons des choix inverses aux directions prises par l’industrie alimentaire actuelle. Nous ne cherchons pas à éradiquer les pathogènes, mais à obtenir de bons résultats même s’ils sont présents. Concentrer, segmenter et compresser les coûts montre toutes ses limites… le coût des bénéfices financiers réalisés devient exorbitant, insoutenables.

Observer le vivant et les besoins des humains nous inspire. Concevoir aide à faire, faire aide à concevoir*. D’où toute l’importance d’ateliers partagés pour permettre aux TPE/PME de métiers différents de faire à plusieurs.

Nos initiatives mettent des outils au service des citoyens, élus, consommateurs, professionnels qui désirent entreprendre ensemble pour accélérer les transitions alimentaires.